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Devant la cité impériale de Chang An s'étaient rassemblés de nombreux civils. Sur une façade du mur de la cité impériale étaient souvent exposés des affiches pour informer les civils d'un quelconque événement. Cette fois-ci, il y en avait beaucoup. La plupart proclamaient que c'était faux. D'autres, que cela devait bien arriver. Cela aurait lieu dans cinq jours exactement, à quinze heures.
...
Tous les habitants de Chang An étaient sortis pour voir cet événement. Ils avaient tous fini par croire que ce qui avait été dit se révélait être la vérité et ils s'étaient rassemblés à la place centrale de Chang An. Quelques soldats chargés de la surveillance étaient placés sur les côtés. Ils étaient là, sur une large plateforme située à quelques mètres au-dessus du sol, entourée par les habitants dont les épaules arrivaient au bas de celle-ci. Les ruelles et escaliers qui montaient légèrement permettaient aux gens qui y étaient présents de voir de loin. Plus loin derrière la plateforme se trouvaient Cao Zhang, assis, et de nombreux autres officiers importants qui se tenaient à côté. La foule était placé sur le côté, devant les maisons ou dans celles-ci pour les voir. Mais ils observaient surtout la personne placée au centre de la plateforme, attachée et surveillée. Une mère se baissa et déclara à son enfant :
"Regarde, c'est lui. Souviens-toi de son visage et de cette expression fourbe et malhonnête. Tu n'auras peut-être plus l'occasion de revoir une telle ordure traitée d'une façon si pitoyable, qu'elle mérite pourtant. C'est à cause des gens comme lui que le malheur et les conflits apparaissent."
D'autres personnes l'imitaient en informant aussi leurs enfants. Les civils huaient et gardaient au plus profond d'eux une rage impatiente que rien n'aurait pu satisfaire. On entendait les gens manifester leur colère à plusieurs centaines de mètres :
"A mort !...Pauvre imbécile !... Traître ! Incapable !...Tu t'es moqué de nous ! Va en enfer rejoindre ceux que tu as tués !...Saleté !... Tout le monde sera mis au courant de tes actes odieux !"
Un homme s'avança avec une feuille. Il était magnifiquement bien habillé et ne pouvait être nul autre que Xun Yu. La foule se tut alors pour le laisser parler et seuls quelques chuchotements furent entendus. Xun Yu annonça à voix haute et distinct :
"En cet agréable jour d'été où le soleil déferle ses puissants rayons, nous avons décidé de la mise à mort de l'odieux traître. Il a prétendu servir fidèlement le Wei mais n'a fait que comploter pour le mener à sa perte. Même avec la méfiance de l'ensemble des officiers, il a continué. Ce n'est que lorsque tout à été découvert, alors que le jour de sa mort approchait, qu'il a soudainement fui. Nous ne pouvons laisser de telles personnes déshonorer ainsi le Wei. C'est pourquoi il a été décidé qu'il subirait un des cinq supplices anciens, qui est la peine capitale. Il mourra par le supplice des chars, un des procédés pour appliquer la peine capitale. Le condamné sera écartelé entre cinq voitures tirées par des chevaux. Une fois que toute la préparation nécessaire sera installée, dans une heure, à cet endroit même, mourra Xiahou Dun !"
...
A seize heures, sur la place centrale se trouvait tout le clan Xiahou, avec de nombreux autres soldats et tous les officiers importants du Wei. D'autres se tenaient plus loin derrière. Cinq voitures et cinq chevaux attendaient en arrière. La foule se serrait à l'extérieur du cercle qui avait été formé. Xiahou Yuan, attaché, tourna la tête vers Xiahou Dun qui regardait le sol et lui cria d'un ton insultant :
"Maudit sois-tu ! Il a fallu que tu nous ruines tous par ta cupidité et ton orgueil ! J'ai toujours su que ça finirait comme ça à cause de toi ! Je te hais et je t'ai toujours haïs !"
Celui-ci observait toujours le sol pour éviter d'être confronté aux regards emplis de haine des autres personnes. Le père de Xiahou Dun regarda son fils et lui dit calmement :
"Voilà où votre esprit stupide et votre perversion nous ont menés. Je vous avais pourtant prévenu maintes fois, mais vous ne m'avez jamais écouté, aveuglé par votre ambition. Il est bien trop tard pour se rattraper. Mourez donc dans la honte !"
Les prisonniers furent positionnés en ligne droite, les mains liées derrière des poteaux de bois tandis que leurs corps s'y trouvaient attachés, l'un à côté de l'autre, face à la foule, de sorte qu'ils puissent se plongeaient dans leurs remords en apercevant les regards haineux des civils. Derrière les prisonniers se dressaient les officiers, stratèges et l'empereur Cao Zhang du Wei. Xiahou Dun se tenait face à son clan, dos à la foule, mais aussi attaché à un poteau de bois. Il leva cette fois-ci la tête pour observer.
Le général Hao Zhao, sur le côté, s'avança avec une épée. Il se plaça à côté du membre du clan Xiahou situé le plus vers la droite. Il leva ensuite son épée et trancha sa gorge. Sa tête tomba sur le sol et le sang giclait. Xiahou Dun regardait, effrayé et choqué par la scène. Tous les membres de son clan étaient présents, qu'ils soient âgés, jeunes ou bien que ce soient des femmes. Chacun en voulait à Xiahou Dun et pensait que c'était lui le fautif. Il ne put les regarder, encore trop épris par la tête de la personne qui avait été tuée et qu'il avait connu depuis sa plus tendre enfance. Hao Zhao, comprenant que Xiahou Dun commençait à reprendre son souffle, s'avança vers la gauche et trancha de nouveau la tête d'une deuxième personne. Plusieurs membres du clan Xiahou, dont peu se taisaient pour conserver leur dignité, poussèrent des cris mélangés à l'excitation de la foule. Ils y passèrent tous, et Xiahou Dun se sentait de plus en plus mal au fur et à mesure de voir tout ce sang.
Vint alors son tour. Ses membres furent attachés à cinq voitures et il ne tenta aucune résistance, tellement perturbé. Les chevaux tirèrent alors et il fut écartelé.
...
"Où est-il, père? Je ne le trouve pas. Il y a les dépouilles des membres de son clan mais pas le sien."
"C'est tout à fait normal, il n'y est pas. Venez, je vous emmène le voir."
Deux personnes se trouvaient dans le cimetière, le soir, à vingt heures. Ils regardaient tous les deux la large fosse commune entourées de limites où gisaient des centaines, ou même des milliers de corps. Celui de Xiahou Dun n'y était pas. C'était un père accompagné de son fils qui devait bien avoir une vingtaine d'années. Ils avancèrent donc jusqu'à arriver devant la cité impériale.
"Levez vos yeux."
C'est ce que le fils fit et il put voir, en plein milieu du chemin derrière la muraille, juste au-dessus de la porte d'entrée, un pic de bois sur lequel était placée la tête du Xiahou Dun. Pourquoi donc était-elle ici et non pas dans la fosse commune ? Non, ce n'était pas un simple traître, mais le pire et le plus redoutable ennemi du Wei. Au-dessous de lui se trouvait une affiche suffisamment grande pour que des gens placés devant la cité impériale puisse y lire le texte suivant :
"Xiahou Dun, autrefois empereur du Wei. A comploté contre celui-ci pour obtenir les pleins pouvoirs et imposer sa tyrannie. Le pire ennemi du Wei."
Ses yeux ouverts étaient vides et n'exprimaient plus aucune émotion. Quelques cheveux bruns mais courts suite aux derniers événements les couvraient. Il n'y avait aucun doute. C'était bien lui, Xiahou Dun, l'ordure qui a lâchement abandonné le Wei.
...
Xiahou Dun se réveilla soudainement et bascula son dos en avant. Il transpirait et était couvert de sueur. Son cœur tremblait à une grande vitesse. Il était sur un sac de couchage, sur de l'herbe, entre des arbres. La face argentée de la lune et le peu de lumière certifiaient qu'il faisait nuit. Il se sentait très mal et n'avait plus la force de bouger. Quelqu'un, qui l'avait entendu, lui demanda :
"Vous sentez-vous bien ?"
"Oui, ne vous inquiétez pas pour moi je vous prie. Continuez donc à dormir si vous en avez envie. Demain, nous aurons certainement une journée difficile. Je vais aller me promener."
La personne acquiesça et se coucha pour tenter de s'endormir à nouveau. Où Xiahou Dun était-il donc ? Peut-être pas à Chang An, ou peut-être que si, qui sait ? Sa localisation pouvait être à de nombreux endroits en Chine, dont le nombre désespèrerait n'importe qui qui puisse essayer de le repérer.